École nationale supérieure d’ingénieurs de Caen

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C’est avec une profonde tristesse que la communauté scientifique française a appris le décès du Professeur Gérard Férey, chimiste d’exception, qui s’est éteint le 19 août 2017.

Professeur émérite à l’Université de Versailles UVSQ, Directeur adjoint de la chimie du CNRS puis vice président de la Société Chimique de France, membre de l’Académie des Sciences, membre de l’Institut Universitaire de France et titulaire de nombreux prix dont la prestigieuse Médaille d’or du CNRS en 2010, Gérard Férey était un homme passionné par son métier d’enseignant chercheur et par les Arts, en particulier l’architecture et le dessin qu’il retrouvait dans les matériaux qu’il étudiait.

Une carrière débutée en Normandie
Gérard Férey était également très fier d’être Normand. Né à Bréhal, il devient instituteur puis décide, à 22 ans, de poursuivre ses études à l’Université de Caen. Au cours du printemps 1968, il soutient une thèse de 3e cycle (laboratoire du Professeur Walter-Levy de Caen) sur « L’étude des halogénures basiques de titane IV« . C’est à cette période qu’il découvre la beauté de la chimie et de la cristallographie. Il raconte volontiers que ce sont deux Professeurs de l’Université de Caen qui « lui ont définitivement donné le goût de la chimie : Maurice Bernard, avec sa présentation lumineuse de la discipline et Alfred Deschanvres, qui savait extraire de la recherche ses mystères persistants pour nous montrer combien celle-ci était nécessaire » [CNRS – le journal N° 251].

Un éminent spécialiste de la physico-chimie des solides et des matériaux
Nommé au Mans, il commence à travailler sur les matériaux hybrides puis, en 1996, fonde l’Institut Lavoisier de Versailles, dont il assure la direction jusqu’en 2005. Gérard Férey, avec son équipe, met au point des molécules « cages » et crée des solides poreux, nano-vecteurs pour le stockage et la restitution sur le long terme de gaz ou de médicaments. En 2005, il synthétise le « MIL-101(Cr)« , qui permet de stocker 400 fois son volume de CO2 ! [Langmuir 24 (2008) 7245]. Découverte importante, s’il en est, dans le cadre de la lutte contre l’effet de serre. Ce matériau révolutionnaire sera aussi un des premiers de sa classe à montrer des propriétés catalytiques [Ang. Chem. 47 (2008) 4144] et des capacités uniques dans la purification des gaz [Nature Mat. 16 (2017) 526].


Image de l’une des structures les plus connues de Gérard Férey, le MIL-101

Un acteur engagé
Conscient du discrédit et de la défiance associés à l’adjectif « chimique », il est à l’initiative d’un collectif qui regroupe des acteurs de la chimie en France pour revaloriser l’image de la discipline dans le public parce que, pense-t-il : « Sans chimie, il n’y a pas d’avenir pour la planète« .

Il est impossible de parler de Gérard Férey sans évoquer l’importance et la passion qu’il portait à l’Enseignement, allant au contact direct des jeunes dans des conférences et débats ciblés pour répondre aux questions des lycéens et des étudiants. Au cours de ses 50 ans de carrière, son amitié et ses liens avec Caen sont toujours restés sans faille (collaborations avec les laboratoires CRISMAT et LCS de l’ENSICAEN, président des Journées Nord Ouest Européennes des jeunes chercheurs, remise des diplômes de doctorat 2011 de l’université de Caen, événements à l’occasion de l’année internationale de la chimie 2012, conférences et visites « Quelques mots », tables rondes sur les matériaux et l’énergie UNICAEN-Mairie-ENSICAEN-CNRS-Industriels, CYCERON 2015…).

Le Monde de la Chimie a perdu un grand chercheur avec l’esprit du démiurge, « architecte de la matière« , un grand enseignant, toujours prêt à soutenir les jeunes chercheurs et un Homme ouvert à tous les défis. Certains d’entre nous ont perdu aussi un ami sincère. L’université de Caen Normandie et l’ENSICAEN s’associent aux nombreux hommages nationaux et internationaux qui lui sont rendus.

Photo prise lors d’un hommage qui lui a été rendu à Paris

Photo prise lors de l’année de la chimie en 2012

Gérard Férey et Pauling, très grand chimiste admiré par M. Férey